Avec ce beau soleil et ce bon vent, il
est temps de larguer les amarres pour de bon. Puis j'ai entendu dire
que le Black Pearl avait été libéré du sort dont il était
victime et que Jack Sparrow était à nouveau son capitaine. Quel
drôle de personnage ce Jack, il me fait pleurer de rire. Quand il
monte à bord, il est plus que prudent de mettre les barils de rhum
sous bonne garde.
De retour sur le pont, un : «
Attention V'là le C'ptain » se fit entendre, et on dit que
l'habit de ne fait pas le moine. Ils s'écartèrent, et notre hôte
se mit à gémir : "Je dois être mort, je suis en face
de Mary Rread". Quel honneur d'être comparée à elle. Je me
suis empressée de le assurer en lui certifiant qu'il était bien vivant et qu'il
était le bienvenue à bord. J'envoyais un matelot préparer la
cabine des invités et un autre en cuisine, pour prévenir le Bosco
que nous serions deux à servir sur le pont.
Le temps de signaler aux gardes côtes
que nous avions secouru le passager de la coquille de noix qui avait
pris l'eau, qu'une agréable odeur de bacon grillé, venait me
chatouiller les narines, mais ma gourmandise allait attendre, mon
regard s'étend arrêté sur mon invité, qui avait un certain
charme. Il n'avait pas ce teint hâlé de ces hommes qui vivent en
pleine mer, mais il avait un petit truc, qui ne me laissait pas
indifférente. En le voyant avec ce maillot, que portent les marins,
il me vint l'idée de le garder à bord, il y a toujours de quoi
occuper un novice sur un trois mâts, en échange du gîte et du
couvert. J'en fis part à mon second, afin qu'il prévienne la terre
ferme, que ce n'était pas la peine d'envoyer une vedette, que nous
gardons notre rescapé jusqu'au prochain port.
Bosco me menaça de me faire jeûner
pendant une semaine, si je ne venais pas immédiatement manger ses
œufs au lard. Je me suis faite une raison depuis toutes ces années,
le vrai chef à bord c'est le Bosco. Avant, toutes choses, j'ai quand
même annoncé les termes du contrat qui allait désormais lier cet
homme à la Rosée du Matin II. Il en a été ravi, car il avait
toujours rêvé de naviguer sur un trois mâts. Qu'il avait même été
au salon nautique pour connaître les conditions pour faire un stage
sur le Belem. En attendant, il avait pris des cours de voile, mais
avec son expérience du jour, il voit bien que ce n'est pas si
facile de naviguer en pleine mer. Il ne s'était pas rendu compte, qu'il était si
loin des côtes et quand le vent tomba, il s'est trouvé perdu au
milieu de nulle part, et l'eau commençait à rentrer dans son
embarcation. J'en ai oublié toutes mes politesses d'hôtesse et je
suis partie d'un grand éclat de rire. Ses yeux couleurs océans me
regardaient hésitant entre prendre la couleur noire de la colère,
le gris de la tristesse ou le bleu de la gaîté. Je lui ai dit que
j'étais désolée, mais que c'était bien la première fois que je
rencontrais quelqu'un qui se retrouvait à plus de 1000 kilomètres
des côtes sans s'en apercevoir. Si mes paroles se voulaient
ironiques, mon regard ne voulait guère se détacher du sien et je
lui souriais bêtement.
Le menuisier m'informa que l'escalier
principal qui menait à ma cabine était enfin remis en état qu'il
ne restait plus qu'à le vernir. Envoyer ma nouvelle recrue grimper
dans les vergues étant très prématuré, je la confia, à celui qui
est tout indispensable sur un trois mâts que n'importe quel autre
membre d'équipage. De mon côté, j'allais faire le tour du navire,
pour m'assurer que tout le monde était bien à son poste. Quelques
dauphins nous accompagnaient, en faisant des pirouettes, les voir
ainsi s'amuser me donnait l'envie de sortir ma peau de phoque de sa
malle, mais cela pouvait se révéler dangereux, une selkie qui
repart dans les eaux avec sa peau, ne revient jamais et je n'avais
pas envie de quitter cette vie d'humaine.
Le pont était désert, les hommes
étant soit attablés, soit dans leur cabine pour se détendre
avant de prendre leur quart. Seul, un homme était devant le grand
mât, les yeux levés vers le ciel d'un bleu azur. Parfois de drôles
d'idées me viennent, je lui demandais, s'il voulait grimper. Il
avait l'air si heureux de ma proposition. Cependant, je lui ai
précisé que nous n'étions pas sur un navire école et qu'il n'y
avait pas autant de sécurité que sur le Belem. Il m'a assuré qu'il
était conscient du danger, mais qu'il ne voudrait pour rien au monde
rater une telle occasion. On aurait cru qu'il avait fait ça toute sa
vie,il était aussi à l'aise qu'un chamois dans les montagnes. Nous
avions l'océan, le ciel rien que pour nous, quoi de plus romantique
qu'un superbe couché de soleil vu d'un grand mât.
Nous étions bien là haut, mais il
fallait redescendre, le deuxième service allait être servit, et je
ne voulais pas prendre le risque de mettre le Bosco en colère.
Après le dîner j'invitais les yeux
couleurs océan à venir dans ma cabine déguster un de mes rhums
arrangés. Il a beau ne pas être un pirate, il a tout de même un
sabre, qui serait dommage de laisser en inactivité. Je n'ai pas eu
le temps de sortir les verres, qu'il m'avait déjà inviter à faire
un de ces grands nettoyages, que j'affectionne. Un magnifique
tatouage, digne d'un pirate, aurait dû me mettre en alerte. Mais, je
me suis laissée embarquer sur les vagues du plaisir...
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